Qui sont les rohingyas et que se passe-t-il en Birmanie ?

Une nouvelle flambée de violence après des décennies de tensions ethniques a poussé des centaines de milliers de personnes à fuir vers le Bangladesh. Les associations humanitaires comme Amesty International et Human Rights, crient au crime contre l'humanité.
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Crédit d'image : uscampaignforburma.org
Publié le 24 octobre 2017, par Samir | 22 h 59 min
Temps de lecture : 5 minutes

Qui est le peuple rohingya ?

Décrit comme le peuple le plus persécuté au monde, plus d’un million de rohingyas vivent en Birmanie, aussi appelé Burma, Bamar ou Myanmar. Ils vivent principalement dans l’État de Rakhine, où ils coexistent avec les bouddhistes depuis des décennies. Les rohingyas sont musulmans, peut-être des descendants de commerçants persans et arabes, qui sont venus en Birmanie il y a des générations. Contrairement à la communauté bouddhiste, ils parlent une langue similaire au dialecte bengali de Chittagong au Bangladesh.

Les rohingyas sont considérés comme des immigrants clandestins et souffrent de discrimination systématique. Le gouvernement du Myanmar les traite comme des apatrides, leur refusant la citoyenneté et les droits les plus fondamentaux. Des restrictions strictes ont été imposées à la liberté de mouvement des rohingyas, à l’accès à l’assistance médicale, à l’éducation et à d’autres services de base.

Qu’est-ce qui leur est arrivé ?

Officiellement, l’extermination des rohingyas est une réaction à l’attaque menée fin août par l’armée de secours des rohingyas de l’Arakan (ARSA), une milice armée. Cet assault a fait 12 morts parmi les militaires. Les ONG dénoncent un simple prétexte qui permet à l’armée de ce pays à 90% bouddhiste, de décimer cette population musulmane. Le nombre de réfugiés rohingyas qui ont fuit vers le Bangladesh s’élève à plus de 600 000, sans compter les réfugiés d’avant cette nouvelle flambée de violences.

Les associations mettent en garde contre une crise humanitaire dans les camps frontaliers surpeuplés, surchargés, où l’eau manque cruellement, et dans lequels les rations alimentaires et les fournitures médicales sont en rupture de stock. Pire encore, les organismes d’aide de l’ONU sont fréquemment empêchés de distribuer des fournitures vitales comme l’eau, la nourriture et les médicaments. Le gouvernement accuse les travailleurs humanitaires internationaux d’ avoir aidé des « terroristes » à assiéger un village de l’Etat de Rakhine. Les travailleurs humanitaires craignent pour leur sécurité.

Comment sont traités les rohingyas ?

Les réfugiés ont parlé des massacres dans les villages, où ils disent que les soldats ont attaqué et brûlé leurs maisons. Le gouvernement prétend que les rohingyas ont brûlé leurs propres maisons et tué des bouddhistes et des hindous. Il indique que l’armée vise des terroristes, y compris l’ARSA, le groupe qui a revendiqué la responsabilité des attaques du mois d’août. L’analyse satellite de Human Rights Watch a mis en évidence des dégâts causés par le feu dans les zones urbaines peuplées de rohingyas, ainsi que dans des villages isolés.

Meurtres atroces, décapitations, populations affamées, viols en tout genre… Amnesty international dénonce la campagne de répression systématique des forces bouddhistes contre la minorité musulmane, campagne qu’Amnesty qualifie de crime contre l’humanité. Les témoignages des victimes sont affligeants et éprouvants, à l’image de celui de la petite Fatima, âgée de seulement 12 ans :

« J’étais chez moi avec mes parents, mes 8 frères et sœurs et ma grand-mère, lorsqu’elle a vu de la fumée monter d’une autre partie du village. Alors que notre famille prenait la fuite, des hommes en uniforme leur ont tiré dessus par derrière. J’ai vu mon père et ma sœur de 10 ans tomber sous les balles ».

L’association rapportent également des témoignages de femmes disant avoir vu leurs enfants battus à mort, avant que les soldats ne les violent. Les soldats de l’armée Birmane commettent de nombreuses atrocités. A titre d’exemple, ils ont pris pour habitude de violer les femmes sous les yeux de leurs maris, avant de les abattre.

Que dit le gouvernement bouddhiste de Myanmar ?

Le moine Ashin Wirathu est le plus influent des prêcheurs de haine en Birmanie. Il cultive la haine des musulmans. On est loin des idéaux de tolérance et de non-violence, cette « sagesse » des moines bouddhistes qu’on nous rabâche sans cesse. Sous influence des prêcheurs de haine, le gouvernement affirme qu’il cible des militants responsables d’attaques contre les forces de sécurité, et que la majorité des morts sont des terroristes. Le gouvernement dit aussi que les rohingyas brûlent leurs propres villages, une revendication contestée formellement par des journalistes.

Pourquoi Aung Sun Suu Kyi n’a-t-elle rien fait à ce sujet ?

Quand Aung San Suu Kyi est arrivée au pouvoir, il y avait de grands espoirs que la lauréate du prix Nobel de la paix aide à apaiser les divisions ethniques du pays. Au contraire, elle reste silencieuse quand la violence est commise contre les rohingyas. La pression internationale s’est amplifiée autour d’elle. L’année dernière, pour faire bonne impression, elle a nommé Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations Unies, à la tête d’une commission chargée de la réconciliation à long terme dans l’État de Rakhine. Certains affirment que Aung San Suu Kyi craint une armée imprévisible. En dépit de sa position de conseiller d’Etat, l’armée a conservé un pouvoir politique important, avec 25% des sièges attribués au parlement.

Aung San Suu Kyi a défendu sa gestion de la crise. « Il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce que nous résolvions le problème dans 18 mois », avait-elle déclaré à Asian News International, basée à Delhi. « La situation à Rakhine est ainsi depuis de nombreuses décennies. Cela remonte à l’époque pré-coloniale. » Elle dit aussi : « Nos ressources ne sont pas aussi complètes et adéquates que nous le souhaiterions, mais nous faisons de notre mieux et nous voulons nous assurer que tout le monde a droit à la protection de la loi », a-t-elle déclaré.

Une déclaration sur la page Facebook d’Aung San Suu Kyi, qui a clairement choisi son camp, accusait les rohingyas d’un « énorme iceberg de la désinformation » au sujet de la violence, et ne faisait aucune mention des rohingyas qui avaient fui.

Comment aider les rohingyas ?

De nombreuses associations humanitaires récoltent des dons pour venir en aide aux rohingyas : Baraka City, le Secours Islamique, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, Médecins Sans Frontières, Action ontre la Faim, Amnesty, Unicef et plein d’autres encore. Pour faire un don en ligne, rendez-vous directement sur les sites internet de ces associations.

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