Comment MBS va gérer l’Arabie Saoudite après l’affaire Khashoggi ?

Loin d'être invincible, comme il semblait l'être au cours des 3 dernières années, le prince héritier saoudien Mohammad bin Salman (MBS) subit à présent des pressions sur plusieurs fronts.
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Crédit d'image : REUTERS
Publié le 3 novembre 2018, par Samir | 23 h 27 min
Temps de lecture : 6 minutes

L’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul a entraîné la plus grave crise internationale à laquelle l’ Arabie saoudite est confrontée depuis les attentats du 11 septembre. Cet assassinat politique a été particulièrement préjudiciable, non seulement à cause de la manière horrible dont il a été perpétré, mais aussi à cause du fait que l’idée d’une « réforme » de l’ Arabie saoudite faisait son chemin dans le monde entier.

Sur le plan international, la réputation du prince héritier a été mise à rude épreuve. De nombreuses dirigeants se demandent s’il est la bonne personne pour diriger la transformation promise du pays. Le retour en Arabie saoudite du prince Ahmad bin Abdelaziz, dernier frère du roi Salman, cette semaine, après 6 ans d’exil auto-imposé, confirme la gravité de la situation dans le royaume.

Comme le prince Ahmed n’a jamais accepté publiquement la nomination de MBS en tant que prince héritier, on spécule qu’il soit venu pour le remplacer ou le contester. Il est cependant beaucoup plus probable que son retour fasse partie de la Maison des Saoud qui tente de faire preuve d’unité face aux difficultés auxquelles elle est confrontée.

Et le roi dans tout ça ?

Avec la dernière déclaration du procureur turc selon laquelle Khashoggi a été étranglé peu de temps après son entrée au consulat saoudien, la famille royale saoudienne craint à juste titre ces accusations dommageables qui traînent depuis de nombreuses semaines et mois, en particulier lorsque le Congrès américain fait pression sur le président Trump.

Au milieu de tout cela, il est facile d’oublier la vraie vertu du roi Salman, lui-même un homme de renouveau et de réforme. Tout en occupant le poste de gouverneur de Riyad (1963-2011), il a dynamisé l’environnement des affaires de la ville, développé son économie et entrepris des projets d’infrastructure de grande envergure. Il a également joué un rôle clé dans la consolidation de la cour royale à des moments cruciaux de l’histoire du royaume.

Mais, bien que judicieux et raisonnable tout au long de sa carrière politique, confier à son jeune fils ambitieux mais inexpérimenté des pouvoirs aussi étendus était une grave erreur qu’il a probablement déjà constatée.

La combinaison de l’excès de confiance en soi, de l’ambiance excessive et du manque d’expérience diplomatique, qui en est venue à caractériser MBS et son cercle de conseillers, est ce qui a conduit à l’assassinat de Khashoggi.

En supposant que la santé du roi Salman ne se détériore pas, il est plus que capable de sauver la situation, mais pour ce faire, il devra équilibrer les intérêts nationaux de son royaume et la survie politique de son fils. En fin de compte, le roi peut adopter 3 approches pour résoudre la situation.

Première possibilité : le statut quo

King Salman pourrait permettre à MBS de poursuivre ses activités, et convaincre le public, chez lui comme à l’étranger, que l’affaire Khashoggi était une question mineure qui sera résolue avec le procès des 18 suspects.

Cependant, la situation actuelle ne ressemble pas au blocus du Qatar, que MBS a tenté de minimiser. Une tentative de rejeter l’assassinat de Khashoggi indiquerait que le prince héritier ne comprend pas la gravité de la situation.

S’il insiste pour qu’il en soit ainsi, une minorité de pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni peuvent le soutenir, mais pas la communauté internationale. Des pays comme le Canada, l’Allemagne et la Suède pourraient même tenter de boycotter l’Arabie saoudite et d’imposer des sanctions sur le pétrole saoudien, ce qui pourrait aggraver les dissensions et aggraver l’instabilité.

En outre, ce scénario donnerait un autre moyen de pression au président turc Recep Tayyip Erdogan, qui mène depuis longtemps une lutte avec l’Arabie saoudite pour la direction du monde musulman. Si MBS tente d’agir comme si rien ne s’était passé, le président turc continuerait à faire pression sur lui par le biais des médias.

Ce scénario ne conduirait pas à une solution à long terme et, au contraire, s’il était poursuivi, il s’agirait d’une erreur de calcul stratégique majeure pour Riyad. L’Arabie saoudite se retrouverait avec un prince héritier compromis par la Turquie, ce qui exposerait les Saoud à la fragilité et à la pression.

Deuxième possibilité : rétrogradation de MBS

Le roi Salman pourrait ordonner que MBS soit rétrogradé de la position de prince héritier, étant entendu que même si le meurtre de Khashoggi était le résultat d’une opération malhonnête, il se produisait sous sa surveillance. Les pouvoirs que MBS a acquis devraient ensuite être redistribués au sein de la famille dirigeante.

Cela pourrait permettre aux chefs plus âgés et plus sages de l’emporter au sommet de l’appareil d’État, ce qui garantirait un retour aux méthodes traditionnelles de la politique intérieure et étrangère. Mais une telle démarche pourrait également être très déstabilisante, car il ne sera pas facile de placer des cousins ​​plus âgés, plus qualifiés et plus expérimentés du prince héritier dans des positions d’autorité et pourrait plonger la cour royale dans une autre lutte de pouvoir.

Le roi Salman pourrait également nommer son frère Ahmad prince héritier, mais cela remettrait le pouvoir entre les mains de la génération la plus âgée, mettant ainsi fin aux espoirs de transfert tant attendu du pouvoir des fils du roi Abdoulaziz (1932-1953).

Ces mouvements pourraient s’avérer difficiles si MBS décidait de résister car il dispose des outils pour le faire. Il est populaire chez une partie importante de la population saoudienne et a réussi à construire son propre État profond, qui pourrait saboter les efforts de transfert de pouvoir.

Troisième possibilité : limiter les pouvoirs du MBS

La démarche la plus raisonnable pour le roi Salman serait de maintenir le prince héritier dans ses fonctions, mais de limiter ses pouvoirs. Cela montrerait à son fils qu’il y a des limites à l’ambition politique au sein de la cour saoudienne et qu’il existe un décorum et un ordre qui ne peuvent être négligés.

Même s’il n’est pas responsable d’avoir ordonné l’assassinat de Khashoggi, MBS devrait admettre un certain degré de culpabilité et se démarquer des agences de sécurité et de défense pour se concentrer sur les réformes sociales et économiques. En limitant la portée politique de MBS et en instaurant des freins et contrepoids sur tous les fronts, le roi pourrait indiquer au monde entier qu’il surveille personnellement la transformation de l’Arabie saoudite et rétablirait la confiance internationale dans son pouvoir.

Cela aiderait également énormément si Riyad fait preuve de transparence dans l’affaire Khashoggi en remettant les 18 suspects aux autorités turques. Si cela est jugé inacceptable, les enquêteurs turcs devraient être invités en Arabie saoudite pour participer à la poursuite des suspects.

MBS aurait également intérêt à agir en tant que facteur de paix sur la scène internationale. Rien ne pourrait plus l’aider que de mettre un terme à la guerre au Yémen. Plutôt que d’attendre d’être poussé par les États-Unis, il peut prendre l’initiative de lancer unilatéralement un processus de paix. En outre, il devrait immédiatement résoudre les problèmes en suspens avec le Qatar et le Canada et accepter que les autres États aient le droit d’avoir une opinion.

Il n’est dans l’intérêt de personne que l’Arabie saoudite soit menacée d’un effondrement interne. Il est donc primordial que le roi et la cour royale prennent des mesures urgentes pour résoudre la situation.

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