A quoi sert vraiment la Ligue arabe ? Tunis 2019 : encore un sommet « déterminant » pour rien

Quel est l'intérêt des sommets arabes et de la Ligue arabe dans son ensemble ? Un célèbre poète disait que la nation arabe est divisée en fragments dont chacun se considère lui-même comme une nation.
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Crédit d'image : Reuters
Publié le 10 avril 2019, par Samir | 0 h 30 min
Temps de lecture : 4 minutes

Comme la majorité des sommets arabes, le sommet de Tunis de 2019 restera dans l’histoire comme n’ayant rien obtenu de significatif. La Tunisie, à l’instar d’autres pays hôtes, espérait que le sommet de Tunis marquerait l’histoire. On espérait voir au moins des progrès significatifs réalisés dans le conflit le plus insoluble de la région. Il y avait déjà eu quelques précédents.

Le Sommet de Khartoum de 1967 nous a abouti sur un non à la reconnaissance, non aux négociations et non à la paix avec Israël. Le Sommet de Rabat de 1974 a désigné l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme unique représentant du peuple palestinien. Ensuite, le Sommet de Beyrouth de 2002 a adopté l’initiative saoudienne, offrant reconnaissance et normalisation à Israël en échange du retrait de ce dernier de tous les territoires arabes occupés. Mais ces résultats étaient des exceptions à la suite des guerres.

Le sommet de « solidarité et détermination »

Le président tunisien Essebsi a qualifié l’événement de « sommet de la solidarité et de la détermination ». Les dirigeants ont adopté une douzaine de résolutions qui devront être oubliées demain. Ils n’ont pris aucune décision sur les défis urgents auxquels le monde arabe fait face aujourd’hui. Rien sur la guerre en Syrie, ni la catastrophe humanitaire au Yémen, ni à l’état en faillite de la Libye, et certainement pas le conflit avec Israël.

La barre était si basse au point que l’Irak a été félicité pour avoir constitué un gouvernement. L’Algérie paralysée a été invitée à aider la Libye à se relever. Plus fort encore, la Ligue a complètement ignoré la crise du Golfe à la demande de l’Arabie Saoudite.

Comme prévu, les sommets ont rejeté la proclamation du président américain Donald Trump, qui légitime l’annexion par Israël du plateau du Golan. Mais à en juger par le manque total de résultats résultant du rejet antérieur par Trump, ce ne sont que des paroles en l’air.

La Ligue avait qualifié la décision de président américain de transferer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem de « dangereuse et inacceptable », constituant ainsi une « attaque flagrante contre une solution politique » au conflit israélo-palestinien ». D’ailleurs, le sommet saoudien de 2018 avait été appelé « sommet de Jérusalem ». Gros mots, mais rien de concret n’en est sorti à part une résolution non contraignante de l’Assemblée générale des Nations unies rejetant la décision des États-Unis.

Des engagements non respectés

Les régimes arabes ont violé leur propre décision, prise en 1980, de rompre les relations avec tout État déplaçant son ambassade à Jérusalem. Comme on pouvait s’y attendre, la Ligue arabe a fait la sourde oreille aux appels des palestiniens à donner suite à ses propres résolutions répétées. Mais rompre les relations est impensable pour ceux qui comptent sur Washington pour leur survie et leur légitimité.

La Turquie et l’Iran dans le même sac

Les dirigeants saoudiens et égyptiens ont évoqué le spectre des criminels non israéliens et non arabes, réitérant leurs mises en garde contre l’ingérence de l’Iran dans les affaires arabes, en comparant le rôle de la Turquie avec celui de l’Iran. Paradoxalement, ce sont ces 2 pays (l’Egypte et l’Arabie Saoudite) qui aspirent également au retour du plus grand allié arabe de l’Iran, Bashar al-Assad, dans la Ligue arabe.

Un jeu de condamnations et de blâmes

Les dirigeants arabes sont heureux de s’exercer au jeu du blâme mais ne parviennent pas à s’unir autour d’une stratégie nuancée pour organiser efficacement les différentes puissances régionales et internationales du monde arabe. De même, ils n’ont pas réussi à faire face aux de défis internes comme l’amélioration du quotidien de millions de citoyens ordinaires.

Ces régimes n’épargnent aucune vie, aucun effort et aucune dépense pour renforcer leur pouvoir. À l’instar des pompiers pyromanes, les dirigeants qui prétendent éteindre l’incendie qui envahit la région sont ceux qui ont attisé ses flammes dès le début.

Est-il temps pour la ligue de se faner et de s’éteindre ?

Le problème ne réside pas dans l’institution, mais plutôt dans le comportement de ses membres. La Ligue est indispensable à la gestion de notre système mondial interdépendant après des siècles de colonialisme, de 2 guerres mondiales et d’une mondialisation rapide.

À l’instar de l’Union européenne, de l’OTAN, des BRICS ou des Nations Unies, le succès ou l’échec de la Ligue arabe dépend avant tout de l’engagement de ses membres à respecter sa charte, qui inclut la mise en œuvre d’accords économiques, de défense et culturels, bref, un vrai plan collectif d’unité et de prospérité.

Les 400 millions d’arabes partagent la même géographie et la même histoire. Ils ont la même fierté d’un passé glorieux et écrivent avec le même alphabet. Ils méritent au moins une institution fonctionnelle qui représente véritablement leur volonté collective.

Bilan du sommet de la Ligue Arabe : Rien sur la guerre en Syrie, la catastrophe humanitaire au Yémen, l’état de la Libye, le conflit avec le Qatar et Israël. Cliquez pour tweeter
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